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Deuxième Commission: les objectifs de développement durable à rude épreuve face à l’urgence climatique

AG/EF/3500
15 OCTOBRE 2018

L’important tribut que doit la planète au réchauffement climatique va s’alourdir de façon dramatique selon les experts du climat de l’ONU. Ces conséquences concrètes, notamment pour les pays à statut particulier, ont nourri les débats de la Deuxième Commission (questions économiques et financières), dont l’ordre du jour était consacré à la mise en œuvre du développement durable dans le cadre du Programme 2030. La question de l’appauvrissement des populations à la suite des catastrophes climatiques, vue comme une entrave à la réalisation des objectifs de développement durable, a été soulevée à de nombreuses reprises.

Dans son allocution liminaire devant la Deuxième Commission, la Présidente de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, Mme Maria Fernanda Espinosa Garcés, a observé qu’il s’agissait du « programme d’action le plus ambitieux jamais adopté pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités ». Elle a en contrepartie cité le chiffre de 783 millions de personnes vivant actuellement dans l’extrême pauvreté pour, selon ses mots, « réveiller les consciences ».

Les pays les plus vulnérables ont raconté la réalité du réchauffement climatique, qui entrave la réalisation des objectifs de développement durable. Le Bangladesh, par exemple, est un des pays les moins avancés (PMA) et l’une des 10 nations de la planète les plus vulnérables aux changements climatiques. Il a peu contribué à la détérioration de l’environnement, mais le réchauffement climatique constitue une « menace existentielle » pour ses 160 millions d’habitants. C’est pourquoi son représentant, à l’instar de nombreuses délégations, a exprimé ses inquiétudes face aux conclusions du récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Ces experts mettent en lumière les conséquences dangereuses des changements climatiques sur les efforts d’éradication de la pauvreté, de sécurité alimentaire et de santé publique, si la hausse des températures ne se limite pas à 1,5°C. Or, comme l’a fait remarquer le Groupe des 77 et la Chine (G77), l’éradication de la pauvreté est le « plus grand objectif mondial » si l’on veut parvenir au développement durable.

Dans un contexte de tempêtes tropicales et d’inondations, la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, notamment dans la perspective du futur Sommet mondial sur le climat prévu l’an prochain. « Il faut bousculer le statu quo si nous voulons que les îles et les peuples des récifs coraliens aient une chance, non pas seulement d’atteindre le développement durable, mais de survivre », a affirmé la CARICOM, qui a appelé les délégations à faire reconnaître les Caraïbes comme « zone spéciale de développement durable ». Un appel appuyé par le G77.

Les délégations auront pu noter que face aux obstacles qui entravent la voie du développement durable, des approches d’intégration régionales des objectifs se développent, au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) notamment. S'exprimant en leur nom, la Thaïlande a rappelé que l’ASEAN avait adopté en 2015 le plan « Vision 2025 » afin d’avancer sur la voie de « la coopération politique », de « l’intégration économique » et de « la responsabilité sociale », dans le cadre du Programme 2030.

Renforcer la coopération, pour réduire les risques et pertes liés aux catastrophes naturelles, et renforcer les capacités de réponse: ces objectifs ont engendré l’Accord de l’ASEAN sur la gestion des catastrophes et les interventions d’urgence. L’ASEAN a aussi adopté un Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020. De son côté, la Mongolie a lancé une plateforme de réduction des risques et des catastrophes en Asie du Nord-Est; une conférence régionale a eu lieu à Oulan-Bator en 2018 avec les pays voisins pour développer des solutions dans la ligne du Cadre de Sendai.

Outre la coopération pour la mise en œuvre du Programme 2030, les régions ont un rôle important à jouer en termes de suivi. C’est ce qu’a dit la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) en soulignant la valeur des examens régionaux et sous-régionaux. Cette délégation a aussi insisté sur le lien à faire entre ces rencontres régionales et le Forum politique de haut niveau pour le développement durable.

Toujours au sujet du suivi, la Présidente de l’Assemblée générale s’est réjouie que le prochain Forum politique se tienne en septembre 2019 sous l’égide de l’Assemblée, pour la première fois depuis sa création. Le représentant de la CELAC a, pour sa part, estimé que le format du Forum ne cadrait pas avec la nature intégrée, indivisible et interconnectée des objectifs de développement durable. Il a souhaité que cet organe aille au-delà des « discussions académiques afin d’offrir une plateforme dynamique pour un dialogue régulier », et devienne un guide politique vers la réalisation du Programme 2030. Le Mexique a lui aussi voulu revoir la structure du Forum arguant que, pour l’instant, il « fragmente au lieu d’intégrer ».

Comme autre exigence de la mise en œuvre du Programme 2030, la CELAC a cité une « approche ciblée » qui se détourne d’une stratégie unique, car celle-ci ne convient pas à tous. Cuba a exprimé la même idée en demandant que soit prise en compte la diversité des approches, des vues et des modèles choisis par chaque pays.

Tout au long de la journée, les délégations ont témoigné de leur élan vers le développement durable avec optimisme, comme l’Inde, qui a entrepris sa transformation vers des sources d’énergie renouvelables: d’ici à 2022, elle entend produire 175 gigawatts d’électricité à partir de sources renouvelables, dont 100 gigawatts avec l’énergie solaire. Des efforts reconnus par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), qui a décerné le prix de « Champion de la Terre » au Premier Ministre.

Forte du même enthousiasme, la Mongolie s’est lancée dans le développement durable et le développement vert. Un parc éolien lancé en 2012 produit 50 mégawatts d’énergie, et un parc de 10 mégawatts de panneaux photovoltaïques a été mis sur pied dans la région centrale; deux projets de parcs éoliens sont également prêts à la construction.

La Deuxième Commission terminera ses travaux sur le développement durable demain à partir de 10 heures.

DÉVELOPPEMENT DURAPLE

Allocution de la Présidente de l’Assemblée générale

Mme MARIA FERNANDA ESPINOSA GARCÉS, Présidente de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, a souhaité s’adresser à la Deuxième Commission pour rappeler que trois ans s’étaient écoulés depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, faisant observer qu’il s’agissait du programme d’action le plus ambitieux adopté pour éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes et réduire les inégalités. À son avis, les nouveaux accords auxquels parviendra la Commission devront être conséquents pour chercher à améliorer la mise en œuvre des objectifs de développement durable, le chiffre de 783 millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté devant réveiller les consciences.

D’ici à 2020, nous devons atteindre 21 cibles de ces objectifs, a lancé la Présidente, notamment pour atténuer les changements climatiques, préserver les écosystèmes et rendre plus durable l’exploitation des ressources naturelles. Elle a souhaité signaler que le prochain Forum politique de haut niveau pour le développement durable qui se tiendra sous l’égide de l’Assemblée générale permettra d’examiner les progrès réalisés. Cela dit, le succès des programmes est tributaire du renforcement du financement du développement, a fait observer la Présidente, encourageant les États Membres à réfléchir à la manière de mieux mobiliser les ressources financières et non financières pour honorer le Programme d’action d’Addis-Abeba. « Je sais que vous saurez vous attaquer aux déséquilibres systémiques qui sapent le développement durable » a-t-elle assuré, soulignant qu’elle se consacrerait à sept priorités durant sa présidence, dont plusieurs relevant de l’ordre du jour de la Deuxième Commission. Une commission dont elle attend beaucoup, a-t-elle précisé.

L’une de ces priorités est le travail décent, qui est essentiel pour éliminer la pauvreté et réduire les inégalités. La Présidente a proposé d’intégrer une approche novatrice en ce qui concerne l’avenir du travail, notamment pour les jeunes et les personnes handicapées. Elle a annoncé qu’elle convoquera en avril 2019 une réunion sur le travail décent, à l’occasion du centième anniversaire de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Elle a encore suggéré aux délégations d’intégrer la perspective de genre dans leurs travaux. Quant aux pays en situation particulière, Mme Espinosa Garcés a souhaité qu’une attention spéciale continue de leur être accordée.

Cette soixante-treizième session de l’Assemblée générale sera particulièrement riche en événements de haut niveau, a fait observer sa Présidente. Elle a souligné l’importance de la Conférence de haut niveau sur la coopération Sud-Sud, qui se tiendra à Buenos Aires en mars 2019. Elle a espéré pouvoir compter sur la collaboration des délégations pour que ces réunions soient un succès, plaidant pour de la bienveillance et une ouverture d’esprit, de même que pour le consensus et des solutions novatrices et créatrices. Il est nécessaire d’envoyer un message clair à nos peuples, a lancé la Présidente: « nous recherchons, pays développés et pays en développement, à parvenir à un monde meilleur, où chacun a sa place et dans lequel l’extrême pauvreté n’est plus qu’un mauvais souvenir. Si nous y parvenons, a-t-elle conclu, nous aurons rempli notre objectif de faire en sorte que l’ONU est pertinente pour tous les êtres humains ».

Présentation de rapports

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté plusieurs rapports du Secrétaire général sous le point 20 de l’ordre du jour: Développement durable.

Le premier rapport (A/73/81–E/2018/59), intitulé Intégration des trois dimensions du développement durable dans l’ensemble du système des Nations Unies, évalue les actions prises par les organismes des Nations Unies pour intégrer les dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable. Dans une enquête menée par le Département des affaires économiques et sociales, 36 entités des Nations Unies ont donné des renseignements à jour sur les mesures qu’elles ont prises pour faire avancer l’application du Programme 2030 et la réalisation des objectifs de développement durable. Le rapport indique qu’une nouvelle vision institutionnelle prend progressivement forme, qui tend à abandonner la gestion cloisonnée et à privilégier les interactions, les partenariats et la recherche de synergies dans l’ensemble du plan de travail de l’Organisation.

Mise en œuvre d’Action 21, du Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21 et des textes issus du Sommet mondial pour le développement durable et de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable.

Le rapport du Secrétaire général (A/73/204) sous ce point présente un bilan actualisé et livre une analyse des objectifs qui n’ont pas encore été atteints, notamment sur la dynamique démographique, les échanges commerciaux, les ressources foncières, les produits chimiques toxiques et la contamination des eaux souterraines, les déchets, le transfert de technologies et la coopération dans ce domaine, ainsi que la promotion de modes de production et de consommation durables. Le rapport inclut également les enseignements tirés de l’expérience lors de leur réalisation intégrale, les exemples de réussite et les pratiques optimales.

Suivi et application des Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa) et de la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement

M. Liu a présenté trois rapports sous ce point. Le rapport intitulé Assessment resulting from the evolving mandates of the Small Island Developing States Unit, évalue l’évolution des mandats de la Section des petits États insulaires en développement.

Le rapport (A/73/226) intitulé Suivi et application des Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa) et de la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement, donne un aperçu général de l’état de la mise en œuvre des Orientations de Samoa et contient un résumé des mesures prises par les États Membres, les organismes du système des Nations Unies et les autres partenaires internationaux de développement pour soutenir les efforts de mise en œuvre déployés par les petits États insulaires en développement au cours de la période 2017-2018.

Le rapport (A/73/225) intitulé Vers le développement durable de la mer des Caraïbes pour les générations présentes et à venir, met en lumière un ensemble d’activités menées aux niveaux national et régional par les États Membres, les partenaires internationaux de développement et d’autres parties prenantes en faveur du développement durable dans la région des Caraïbes.

Harmonie avec la nature

Le rapport (A/73/221) s’inspire des contributions issues du huitième dialogue interactif sur l’harmonie avec la nature, tenu le 23 avril 2018, qui traitait de la jurisprudence de la Terre dans le cadre de l’instauration de modes de production et de consommation durables en harmonie avec la nature, ainsi que des tendances en matière d’application de la jurisprudence de la Terre dans les domaines du droit, des politiques publiques, de l’éducation et de la mobilisation du public.

Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes à un coût abordable

Le rapport (A/73/267) donne un aperçu des progrès accomplis pour garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable, et expose les mesures prises par les États Membres pour atteindre plus rapidement cet objectif. Il présente également les principaux messages du premier examen de l’objectif 7 de développement durable (Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable), qui a eu lieu lors de la réunion de juillet 2018 du Forum politique de haut niveau pour le développement durable.

Réduction des risques de catastrophe

Mme MAMI MIZUTORI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour le Secrétariat interinstitutions de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes (UNISDR), a présenté le rapport A/73/268 traitant de la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030). Citant le rapport, Mme Mizutori a signalé une hausse de 151% des pertes économiques dues aux catastrophes climatiques, ces 20 dernières années. Ces catastrophes ont tué 1,3 million de personnes, tandis que 4,4 millions ont été blessées, déplacées, ou nécessité des soins d’urgence à cause de catastrophes. Saluant l’adoption du Cadre de Sendai en mars 2015 comme une initiative ambitieuse, Mme Mizutori a indiqué que « les progrès vont bon train », mais en même temps regretté qu’ils ne soient pas assez rapides. Le rythme des changements climatiques dans de nombreux pays dépasse celui des progrès dans la réduction des risques, a-t-elle mis en garde. Le rapport souligne toutefois des progrès grâce à l’aide publique au développement (APD), et préconise d’élaborer des instruments financiers sur mesure. Notant que le fardeau de la dette entraîne des initiatives de développement à court terme au détriment de la résilience, Mme Mizutori a appelé à agir tout en ayant en perspective la résilience.

Sauvegarde du climat mondial pour les générations présentes et futures

Application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique

Mme MONIQUE BARBUT, Secrétaire exécutive de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), a présenté par visioconférence un rapport sur la mise en œuvre de la CNULCD (A/73/255, section II), relatif aux résolutions 71/229 et 72/220. Le rapport fait état des résultats de la treizième session de la Conférence des Parties à la CNULCD. Il rappelle la Décennie des Nations Unies pour les déserts et la lutte contre la désertification et informe sur les activités menées pour se conformer aux prescriptions de la résolution proclamant ladite décennie. Mme Barbut a suggéré que l’Assemblée générale réaffirme que la réalisation de la neutralité en matière de dégradation des terres constitue un moyen d’accélérer celle d’autres objectifs de développement durable.

Convention sur la diversité biologique

Mme CRISTIANA PAŞCA PALMER, Secrétaire exécutive du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, a présenté le rapport lié à la résolution 72/221, qui appelle à l’action pour atteindre les cibles concernant la biodiversité. Le rapport donne de nombreux détails sur la mise en place de la quatorzième Conférence des Parties à cette convention. Selon Mme Palmer, ses conclusions ont été « adoptées dans une atmosphère où dominait le désir d’apporter un changement transformationnel et d’appliquer les cibles pour construire un futur en harmonie avec la nature d’ici à 2050 ».

Rapport de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement du Programme des Nations Unies pour l’environnement

Lutte contre les tempêtes de sable et de poussière

M. JAMIL AHMAD Directeur du Bureau de liaison de New York du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a présenté le rapport du Secrétaire général sur la troisième session du PNUE contenu dans le document A/73/25, et le rapport sur la lutte contre les tempêtes de sables et de poussière (A/73/306). Ces rapports donnent des détails sur l’évolution des situations, mettent en exergue des initiatives de toutes les parties prenantes pour s’attaquer au problème, et signalent des réalisations dans différentes activités: suivi des prédictions et alerte rapide; résilience; atténuation des sources.

Développement durable

Mme CHANTAL LINE CARPENTIER, Chef du Bureau de New York de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’entreprenariat au service du développement durable (A/73/258). Il comprend une analyse des pratiques optimales et des initiatives menées à l’appui de l’entrepreneuriat aux niveaux national, régional et international, notamment le recensement, la formulation, la mise en œuvre et l’évaluation de mesures cohérentes concernant l’entrepreneuriat et la promotion des micro-, petites et moyennes entreprises. Il met plus particulièrement l’accent sur les mesures visant à promouvoir l’entrepreneuriat social.

M. MOISÉS VENANCIO, Conseiller du Bureau régional du Programme des Nations Unies pour le développement pour les États arabes (BREA), a présenté le rapport du Secrétaire général sur la marée noire sur les côtes libanaises (A/73/302), concernant la catastrophe écologique qu’a entraînée la destruction par l’armée de l’air israélienne, le 15 juillet 2006, de réservoirs de stockage situés à proximité immédiate de la centrale électrique de Jiyeh (Liban). Cet incident avait provoqué une marée noire qui s’était répandue sur les deux tiers des côtes libanaises et au-delà.

M. KAZI RAHMAN, Représentant spécial adjoint de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), a présenté le rapport (A/73/283) du Secrétaire général sur l’Année internationale du tourisme durable pour le développement (2017). Il contient un récapitulatif des principales activités et initiatives que l’OMT a menées avec la coopération d’autres acteurs et un aperçu de celles que des gouvernements, organisations internationales, acteurs du secteur privé et autres parties prenantes ont organisées dans le cadre de l’Année internationale. Le rapport fait une évaluation des résultats obtenus, des mesures à prendre et des recommandations visant à maintenir le bel élan donné par l’Année internationale et à en tirer parti.

Discussion générale

Au nom du Groupe des 77 (G77) et la Chine, Mme SHEYAM HAMED ABDELHAMIED ELGARF (Égypte) a réaffirmé que l’éradication de la pauvreté est le plus grand objectif mondial, nécessaire au développement durable. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit être une priorité, a insisté la représentante. Elle a estimé que les PEID ont des circonstances particulières et qu’il faut veiller à ce qu’ils aient les ressources nécessaires dans le cadre des Orientations de Samoa. Il en va de même dans le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, a-t-elle poursuivi, soulignant qu’il est nécessaire de renforcer la résilience et de réduire les risques pour les prochaines années. Elle a en outre appelé à reconnaître les Caraïbes comme une zone particulière.

S’agissant de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, le G77 et la Chine sont vivement préoccupés par la dégradation des terres, qui sape les efforts menés pour réaliser le développement durable. Le Groupe s’est félicité de la réunion qui aura lieu en mars sur les modes de production et de consommation durables. Quant à la coopération internationale, elle doit être renforcée pour permettre aux pays en développement d’atteindre les objectifs de développement durable, a plaidé la délégation. Les changements climatiques et les catastrophes naturelles ne sont que des symptômes, a souligné la représentante en expliquant que le G77 souhaite une approche plus holistique et davantage de coopération entre les entités onusiennes. Enfin, le Groupe a exprimé le souhait de coopérer avec ses partenaires pour parvenir à un développement durable qui bénéficie à tous.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a rappelé que les pays membres de son groupe avaient adopté en 2015 le plan « Vision 2025 », pour faire avancer l’ASEAN sur la voie de « la coopération politique », de « l’intégration économique » et de « la responsabilité sociale ». Les membres de l’ASEAN se sont également engagés, dans le cadre de ce plan, à mettre en œuvre le Programme 2030, a ajouté le représentant. M. Srivihok s’est toutefois dit conscient des facteurs qui pourraient remettre en cause les progrès réalisés par la région en matière de développement durable. Les risques de catastrophes naturelles, auxquels les pays de l’ASEAN sont fortement exposés, représentent, selon lui, un véritable « fléau du développement » pour la région, comme en témoigne le séisme et le tsunami qui ont récemment frappé l’Indonésie, causant la mort de plus de 2 000 personnes et détruisant des dizaines de milliers de maisons.

Dans ce cadre, le représentant a indiqué que l’ASEAN s’attachait en priorité à renforcer la coopération pour réduire les risques et pertes liés aux catastrophes naturelles, ainsi que pour renforcer les capacités de réponse à ces crises. Ces objectifs ont donné lieu, a-t-il rappelé, à l’Accord de l’ASEAN sur la gestion des catastrophes et les interventions d’urgence. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles les pays de la région se sont engagés à lutter contre les changements climatiques, a souligné M. Srivihok. Il a mis l’accent sur l’importance du financement des actions climatiques, du transfert de technologies et du renforcement des capacités pour une meilleure mise en œuvre de l’Accord de Paris, dans la perspective du Sommet mondial sur le climat, qui sera organisé l’an prochain par le Secrétaire général. Le représentant a également mentionné l’adoption par l’ASEAN d’un Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020. « Le destin et le bien-être des générations futures dépendra de notre capacité à mettre en œuvre ou pas le Programme 2030 », a-t-il affirmé.

M. PERKS MASTER CLEMENCY LIGOYA (Malawi), qui s’exprimait au nom du groupe des pays les moins avancés (PMA), a rappelé que les catastrophes, comme les sécheresses ou les inondations, avaient touché 23 millions de personnes dans les PMA cette année. Il a d’ailleurs exprimé ses condoléances au peuple indonésien, à la suite du séisme et du tsunami dévastateurs qui ont frappé l’archipel. Les catastrophes viennent saper les progrès fragiles des PMA, a-t-il remarqué en plaidant pour la pleine mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe. Notant que les PMA ont besoin de coopération et de partenariats mondiaux forts, M. Ligoya a remercié le groupe de la Banque mondiale d’avoir promis 1,5 milliard de dollars à l’Indonésie pour sa reconstruction. Il a également suggéré au Secrétaire général d’examiner la façon dont les fonds d’assurance pourraient être utilisés au niveau régional ou sous-régional pour aider les pays à se relever après une catastrophe.

Dénonçant ensuite l’impact des changements climatiques, qui font des morts et forcent des gens à quitter leur foyer, le représentant a cité le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui a fourni les preuves scientifiques de la nécessité de limiter le réchauffement climatique à 1,5o C de plus. Pour lui, cet objectif est réalisable. Il a ainsi recommandé une réduction drastique des émissions de dioxyde de carbone, ainsi que la mise en œuvre de solutions durables. Le programme que contient l’Accord de Paris est une bonne feuille de route, a-t-il estimé. Rappelant que les PMA sont les pays les plus touchés par les changements climatiques, et que leur accès à l’énergie est limité, il a mis en garde sur le fait que le financement de l’objectif 17 -partenariats pour le développement- était trop faible: il faudrait des millions de milliards de dollars pour parvenir à l’objectif escompté.

Le représentant a ensuite attiré l’attention sur l’importance, pour les PMA, de la réalisation de la cible sur la dégradation des sols: « il faut rétablir les écosystèmes, essentiels pour atteindre les objectifs de développement durable », a-t-il recommandé. Avant de finir, il a plaidé en faveur du développement de partenariats, qui sont des éléments essentiels selon lui pour parvenir aux objectifs de développement durable. « Plus que jamais, le monde doit agir à l’unisson pour assurer un avenir à tous les citoyens du monde », a-t-il conclu.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme ELIZABETH THOMPSON (Barbade) a rappelé qu’il y a quelques semaines à peine, une tempête tropicale avait frappé de nombreuses îles dans l’est des Caraïbes, provoquant des inondations graves sur son passage, notamment à la Barbade, où les eaux sont montées de plus d’un mètre à certains endroits. Il y a deux semaines, un tremblement de terre a frappé la Martinique, la Guadeloupe et la Dominique, a poursuivi Mme Thompson, avant d’ajouter que, la semaine dernière, Haïti avait une nouvelle fois été touchée par un séisme, alors même que les citoyens du pays se remettent à peine du tremblement de terre de 2010. Tout cela illustre « la réalité tragique » des petits États insulaires en développement (PEID) qui, tout en n’ayant contribué que très faiblement aux changements climatiques, en subissent le plus les effets négatifs. Sans compter, a ajouté la représentante, que ces États sont les moins bien équipés pour y faire face.

Dans ce contexte, la représentante a appelé à la communauté internationale à redoubler d’efforts dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, notamment dans la perspective du futur Sommet mondial sur le climat, l’an prochain. Mme Thompson a jugé que cet évènement serait l’occasion pour les États Membres de s’engager en faveur du maintien de l’objectif de limiter la montée des températures à moins de 1,5o C. « Il faut bousculer le statu quo si nous voulons que les îles et les peuples des récifs coraliens aient une chance, non pas seulement d’atteindre le développement durable, mais de survivre », a-t-elle affirmé.

Dans moins d’un an, a poursuivi la représentante, aura lieu l’examen à mi-parcours des Orientations de Samoa sur les modalités d’action accélérées des PEID. La représentante a appelé à ce que cet examen donne lieu à une déclaration politique « concise et tournée vers l’action, dans le cadre d’un accord intergouvernemental ». Mme Thompson a notamment regretté que, en dépit des Orientations de Samoa et du Programme 2030, les ressources allouées au Groupe des PEID au sein du Département des affaires économiques et sociales (DAES) et dans l’ensemble du système onusien soient restées limitées. Enfin, la représentante a appelé les États Membres à soutenir, durant cette session, la reconnaissance de la mer des Caraïbes en tant que « zone spéciale de développement durable ».

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), Mme FARZANA ZAHIR (Maldives) a annoncé qu’en septembre 2019, les PEID organiseront un examen à mi-parcours des Orientations de Samoa pour évaluer les progrès réalisés dans leur mise en œuvre. La représentante a exhorté les autres États à montrer leur solidarité aux PEID en participant à un haut niveau à cette réunion, et en contribuant activement au processus, notamment pour le partage des meilleures pratiques et la recherche des voies et moyens pour relever les défis. Elle a aussi souligné la nécessité d’un appui adéquat du système des Nations Unies aux PEID dans la mise en œuvre des Orientations de Samoa et du Programme 2030. Elle a requis des ressources supplémentaires pour la Section qui s’occupe des PEID au Secrétariat de l’ONU et encouragé les États Membres à appuyer cette demande.

Rappelant les grandes lignes du rapport du Secrétaire général, le délégué a annoncé qu’il soutenait la recommandation relative à la coopération internationale et à la fourniture de moyens aux PEID pour les aider à mettre en œuvre le Cadre de Sendai. Elle a en outre demandé des solutions innovantes et de nouvelles stratégies pour les outils de financement, qui doivent être prévisibles et durables. La représentante a, avant de conclure, exhorté les États Membres à renforcer leur ambition de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs, en vue de réduire l’élévation mondiale de la température à moins de 1,5°C.

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a rappelé que la réalisation d’un développement durable nécessite la mobilisation d’importants moyens financiers et non financiers. Il a salué le rôle du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, tout en précisant que, sous les auspices de l’Assemblée générale ou du Conseil économique et social (ECOSOC), le Forum politique a un format qui, à son avis, ne cadre pas avec la nature intégrée, indivisible et interconnectée des objectifs de développement durable. Il a ainsi souhaité que le Forum politique aille au-delà des « discussions académiques afin d’offrir une plateforme dynamique pour un dialogue régulier » qui deviendrait un guide politique vers la réalisation des objectifs de développement durable. Il a aussi souligné l’importance des examens régionaux et sous-régionaux de la mise en œuvre du Programme 2030, insistant notamment sur le lien qui doit être fait entre ces rencontres régionales et le Forum politique, notamment pour lui apporter une contribution spécifique de chaque région. Il a ainsi rappelé l’importance d’une approche ciblée qui se détourne de la stratégie unique, celle-ci ne convenant pas à tous.

Pour la mise en œuvre du programme de développement international, la CELAC souligne l’importance de l’APD, et elle invite les pays développés à tenir leur promesse en la matière. La CELAC rappelle également que la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire sont des compléments de la coopération Nord-Sud. En outre la région, qui est fort vulnérable aux changements climatiques, réaffirme son attachement à l’Accord de Paris et au Cadre de Sendai, et elle attend le lancement du système de suivi de celui-ci. Le délégué a promis que la CELAC allait continuer de prendre des mesures de protection des écosystèmes et de la biodiversité, notamment en incluant ces problématiques de manière transversale dans tous les secteurs d’activités, y compris l’agriculture, la foresterie, la pêche, l’aquaculture, le tourisme et le commerce international. Enfin, la CELAC rejette toute mesure unilatérale économique, financière ou commerciale incompatible avec le droit international et la Charte des Nations Unies, et qui sape les efforts d’essor des pays en développement notamment.

M. SMT KANIMOZHI (Inde) a rappelé que son pays attire les regards de la communauté internationale, puisqu’il compte le sixième de la population mondiale. En Inde, l’agence nationale « NITI Aayog » mesures les progrès dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable en effectuant un classement des États fédérés. Le classement tient compte de 82 critères et 75 indicateurs, créant ainsi une émulation entre les États.

L’Inde salue les réformes du système des Nations Unies pour le développement que le Secrétaire général de l’ONU a initiées. Le pays invite les donateurs à financer le nouveau système de coordonnateur résident. L’Inde salue également les efforts du Secrétaire général pour focaliser l’attention sur les changements climatiques. Le pays a entrepris sa transformation vers des sources d’énergie renouvelables. D’ici l’année 2022, l’Inde entend produire 175 gigawatts d’électricité à partir des sources renouvelables, dont 100 gigawatts avec l’énergie solaire. Ces efforts ont été reconnus par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) qui a décerné le prix de « Champion de la Terre » au Premier Ministre du pays en début de mois. L’aéroport de Cochin, qui n’utilise que l’énergie solaire, a également reçu ce prix. L’Inde a lancé un partenariat avec la France, intitulé l’Alliance solaire internationale, qui compte déjà 70 pays, a encore fait valoir son représentant.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) s’est dit vivement préoccupé par les conclusions du récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui met en garde sur les conséquences dangereuses des changements climatiques sur les questions d’éradication de la pauvreté, de sécurité alimentaire et de santé publique si l’on ne limite pas à 1,5° C la hausse des températures. Il est grand temps de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre l’Accord de Paris et le Cadre de Sendai, a-t-il lancé. Il a aussi rappelé que le Bangladesh est l’un des dix pays les plus vulnérables aux changements climatiques, qui posent une menace existentielle à 160 millions de personnes, bien que le pays ait peu contribué à la détérioration de l’environnement. Engagé dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris, le Bangladesh a soumis sa contribution déterminée au niveau national dès 2016 et a adopté une stratégie pour limiter les émissions de carbone. Il a aussi investi pour transformer l’agriculture et la rendre plus résiliente afin de garantir la sécurité alimentaire de la population. Les programmes de développement et d’adaptation aux changements climatiques ont été intégrés dans le méga projet Delta Plan 2100, soit à un horizon de 82 ans.

M. IAN S. NAUMKIN (Fédération de Russie) a cité le rapport du GIEC qui insiste sur la nécessité de limiter le réchauffement à 1,5o C. « Le principal enjeu des changements climatiques est l’application d’un ensemble de règles conçues lors de la signature de l’Accord de Paris » a souligné le représentant en invitant à redoubler d’efforts pour trouver un ensemble équilibré d’accords. L’énergie, les transports et l’agriculture sont les secteurs où il faut concentrer les efforts, selon lui, en particulier la sylviculture, secteur clef dans son pays qui représente 20% de la superficie forestière mondiale. La Russie compte adapter ses forêts aux changements climatiques et adopter une meilleure gestion des émissions de gaz à effet de serre, pour les baisser jusqu’à un maximum de 75% des émissions produites en 1990, a annoncé le délégué.

Notant qu’il fallait aider les pays en situation particulière, surtout les PMA, il a rappelé que la Russie avait consolidé ses partenariats avec les PEID, par des projets communs de lutte contre les changements climatiques, ainsi que par le renforcement des capacités et l'aide au relèvement après les catastrophes. Par exemple, le pays a envoyé une aide humanitaire à Vanuatu après le passage du cyclone Pam en 2015, ainsi qu’à Cuba et Antigua-et-Barbuda après l’ouragan Maria en 2017. Cette même année, des experts russes ont organisé au Centre russo-cubain de La Havane le deuxième séminaire régional de réponses aux situations d’urgence. La Russie a aussi donné 7,5 millions de dollars au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en vue de prévenir les conséquences des catastrophes dans les Caraïbes.

Mme MARTINEZ (Mexique) a fait observer que les objectifs de développement durable ne pourront être atteints que si l’on prend en compte leur nature intégrale et indivisible. Elle a souligné la nécessité de revoir la structure du Forum politique de haut niveau, qui à son avis « fragmente au lieu d’intégrer ». La déléguée de la jeunesse, représentante du Mexique, a ensuite parlé des changements climatiques, que le pays considère comme l’une des plus grandes causes de problèmes pour l’humanité. Se référant aux constats alarmants dressés par le GIEC, elle a estimé qu’il fallait continuer à miser sur le multilatéralisme et, au niveau individuel, changer beaucoup d’habitudes nocives pour l’environnement. Le destin de nos sociétés sera en jeu lors de la prochaine COP24 en Pologne, a-t-elle fait observer, plaidant pour l’adoption d’un accord applicable à tous, intégrant tous les éléments de l’Accord de Paris et dans lequel personne ne sera laissé de côté. En tant que Président de la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique, le Mexique est préoccupé des progrès lents dans la mise en œuvre des objectifs d’Aichi et juge par ailleurs pertinent de continuer à intégrer la perspective de la biodiversité dans des secteurs tels que l’agriculture, la sylviculture, la pêche et le tourisme.

Mme BIANA LEYVA REGUEIRA (Cuba) a dit que l’objectif de « ne laisser personne sur le côté » suppose la reconnaissance et le respect de la diversité des approches, des vues et des modèles choisis par chaque pays dans l’exercice de leur droit à l’autodétermination en fonction des diverses circonstances et responsabilités nationales. La représentante a souligné que le dernier rapport du GEIC réaffirme les dangers croissants pour la survie de l’espèce humaine. Paradoxalement, les États-Unis, « l’un des plus grands pollueurs dans le passé et toujours actuellement », refusent de se joindre à la communauté internationale pour se conformer à l’Accord de Paris, a regretté la représentante en accusant ce pays de compromettre ainsi la vie même des générations futures et la survie des espèces y compris l’Homme. La déléguée a exhorté les États parties à l’Accord de Paris à s’acquitter de leurs obligations et à élargir leur champ d’action en s’appuyant sur leurs responsabilités communes mais différenciées. Elle a aussi rappelé que le blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis contre Cuba depuis près de 60 ans constitue le principal obstacle au développement de son pays et à la pleine jouissance des droits de l’homme du peuple cubain. Ce blocus entrave la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-elle déploré en chiffrant à 933 678 millions de dollars le montant total des dommages causés par le blocus.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a déclaré que la Mongolie était particulièrement vulnérable aux changements climatiques, à cause de son faible développement économique et de son enclavement. Néanmoins, elle est enthousiaste dans son engagement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le développement durable et le développement vert sont une priorité en Mongolie, a assuré le représentant, en faisant état d’un parc éolien lancé en 2012 qui produit 50 mégawatts d’énergie et d’un parc de 10 mégawatts de panneaux photovoltaïques mis sur pied dans la région centrale. Deux projets de parcs éoliens sont également prêts à la construction. En outre, l’Asie étant particulièrement menacée par les catastrophes climatiques, la Mongolie a créé une plateforme de réduction des risques et des catastrophes en Asie du Nord-Est; une conférence régionale a eu lieu à Oulan-Bator en 2018 avec les pays voisins pour développer des solutions dans la ligne du Cadre de Sendai.

Pour Mme ROUA SHURBAJI (République arabe syrienne), la réalisation des objectifs de développement durable est très difficile, surtout pour les pays dans une situation particulière, comme la Syrie confrontée à une guerre terroriste, à des sanctions économiques unilatérales et aux pratiques de la coalition internationale. Malgré tout, la Syrie reste attachée à travailler avec le système des Nations Unies pour le développement, a-t-elle assuré en indiquant notamment que son gouvernement élabore une stratégie de gestion des catastrophes afin de prévoir la reconstruction économique. La transition, entre l’absence actuelle de développement et un renforcement des capacités, passe par un renforcement des institutions et de la justice sociale, et par le retour des réfugiés. Le but est de parvenir à un développement économique, social et environnemental. La représentante a plaidé en faveur d’un soutien accru de la part des États Membres, en évitant la politique du deux poids-deux mesures ainsi que toute politisation ou tentative d’ingérence. L’aide de l’ONU doit en outre se limiter à l’humanitaire, a-t-elle précisé. Le rapport sur la marée noire sur les côtes libanaises montre qu’Israël doit assumer ses responsabilités éthiques, a enfin estimé la représentante.

Au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, M. RENNIER STANISLAUS GADABU (Nauru) a dit accorder une importance particulière à ce point de l’ordre du jour, qui concerne ce groupe de pays au premier chef, et a fait part de sa préoccupation au sujet des progrès mitigés vers le développement durable. Il a souligné l’importance des Orientations de Samoa pour les petits États insulaires en développement. Le représentant a demandé au Secrétaire général d’allouer des ressources additionnelles aux PEID, arguant que ces pays sont très vulnérables aux changements climatiques; ils ont besoin de fonds supplémentaires pour renforcer leur résilience. Le représentant s’est dit ouvert à toutes les solutions novatrices à cet égard. Il a demandé aux partenaires des petits États insulaires en développement du Pacifique et à la communauté internationale de renforcer leur soutien.

M. CHAN GUOLONG (Singapour) a relevé qu’en dépit des avancées, la communauté internationale n’apparaît pas en mesure de réaliser les objectifs de développement durable d’ici à 2030. Pour rectifier le tir, Singapour propose que l’on s’adapte en « pensant créativité ». Le délégué a pris exemple sur Singapour qui est passé de pays subissant un stress hydrique extrême à un État qui a su utiliser les technologies modernes pour recycler les eaux usées. Aujourd’hui, cinq usines principales, les « NEWater », fournissent 40% de l’eau consommée dans le pays. Ensuite, le représentant a suggéré que les efforts de développement partent du niveau communautaire, puisque le développement durable doit être un effort de toute la société. Là encore, l’exemple de Singapour a étayé ses propos: la majorité de la population a choisi d’adopter les modes de transports en commun, ou le vélo et la marche. Singapour comptera 700 km de pistes cyclables à l’horizon 2030, a-t-il promis. Enfin, Singapour plaide pour un engagement de la communauté internationale à travers des partenariats, une volonté déjà affichée par le pays qui partage son savoir-faire avec d’autres pays en développement.

M. RODRIGO ALBERTO CARAZO ZELEDÓN (Costa Rica) a réitéré son engagement à mettre en œuvre le Programme 2030 et souligné l’importance de prendre en considération le caractère multidimensionnel de la pauvreté et de l’autonomisation des femmes et des filles, ainsi que le rôle essentiel de l’agriculture familiale pour le développement durable. À ce sujet, il a rappelé que le Costa Rica présenterait au cours de cette session un projet de résolution pour proclamer le 7 juin « journée internationale sur l’innocuité alimentaire », voyant cela comme une étape dans la promotion de pratiques alimentaires durables. Sur la question de l’environnement, le Costa Rica souhaite partager son expérience en matière de conservation des forêts et de génération d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables, dans le cadre du processus de décarbonisation profonde de l’économie.

Mme AL-BAKER (Qatar) a plaidé en faveur d’un partenariat mondial pour le développement durable, soulignant la nécessité de simuler le rôle des coordonnateurs résidents. Pour sa part, le Qatar renforcera ses efforts, conformément à ses positions et à ses principes, a-t-elle dit. La représentante a indiqué que la Vision nationale du Qatar avait fixé ses objectifs principaux pour le développement durable du pays. Elle a souligné en particulier l’importance du rôle de l’éducation pour assurer un avenir meilleur aux générations présentes et futures, précisant que le Qatar investissait pour relever le niveau d’éducation et soutenir les efforts d’autres pays dans ce domaine. Elle a dénoncé en conclusion « l’embargo injuste imposé au Qatar ».

M. ZOUBIR BENARBIA (Algérie) a exprimé son accord avec les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général demandant à l’Assemblée générale de réaffirmer que la neutralité en matière de dégradation des terres permet d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable et du Programme 2030. Pour sa part, l’Algérie est en voie de réaliser ses objectifs de développement, et compte présenter l’état de ses progrès lors du Forum politique de haut niveau. M. Benarbia a aussi réitéré la détermination de son pays à mettre en œuvre les Conventions de Rio, le Protocole de Kyoto et l’Accord de Paris. Au niveau régional, l’Algérie poursuit ses efforts afin de renforcer la protection de l’environnement, notamment au sein de la Conférence ministérielle africaine. Le représentant a déploré en terminant que la Convention de l’ONU sur la lutte contre la désertification demeure le « parent pauvre » des accords multilatéraux sur l’environnement.

Pour M. ZIAUDDIN AMIN (Afghanistan), la mise en place du Programme 2030 exige une plus grande coopération entre les États ainsi que des engagements collectifs plus forts. L’Afghanistan s’efforce d’incorporer les objectifs de développement durable à son Cadre national sur la paix et le développement, a indiqué le délégué en mentionnant aussi l’intégration de ces objectifs au budget national. Le but est d’accroître la productivité et la prestation de services à la population. En tant que membre des pays en développement les moins avancés, groupe qui inclue des pays sans littoral comme des États insulaires, l’Afghanistan considère que l’accès à une énergie propre, peu coûteuse et renouvelable joue un rôle essentiel dans ses efforts de transformation économique, a déclaré le représentant, pour qui le renforcement du lien entre paix, sécurité et développement devrait être une priorité de la Deuxième Commission.

M. E. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a observé que plusieurs accords internationaux adoptés au cours des dernières années soulignent les « vulnérabilités uniques » des PEID. Il a estimé que l’examen, en 2019, pour des Orientations de Samoa marquera une étape importante dans la mise en œuvre des engagements pris par la communauté internationale envers les PEID. Pour lui, la réalisation des objectifs de développement durable et du Programme 2030 dans son ensemble permettra de relever les défis mondiaux et de parvenir à une « prospérité partagée ». Devant la multiplication des catastrophes naturelles, les PEID comme la Jamaïque font face à des fardeaux financiers qui ont pour effet d’exacerber une situation économique déjà difficile, a déploré M. Rattray, pour qui la lutte contre les changements climatiques est devenue « indispensable ». Il a souligné, à cet effet, l’importance d’adopter des mesures de réduction des risques, notamment en matière de finances et d’investissements.

M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria) a dit que son pays était conscient de la nécessité d’atteindre les cibles fixées; il a développé un cadre institutionnel pour cela, avec un comité interministériel sur les objectifs de développement durable. En outre, un bureau d’assistant spécial a été créé. Le représentant a également fait valoir le développement du partenariat public-privé au Népal où les petites et moyennes entreprises (PME) notamment sont encouragées à jouer un rôle dans les efforts nationaux visant le développement. Le Gouvernement, a-t-il poursuivi, s’est doté d’un programme de sensibilisation et de promotion des objectifs de développement durable, ainsi que d’un programme destiné aux jeunes. Le Nigéria appelle à continuer de travailler contre la désertification et la sécheresse pour que personne ne soit laissé sur le côté, a ajouté le délégué avant de présenter l’agence de gestion des catastrophes qui a été établie dans la lignée du Cadre de Sendai.

M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a relevé que pour la mise en œuvre du Programme 2030 et d’autres accords multilatéraux, il faut d’abord renforcer la cohérence et la coordination au niveau international. Sur la question des changements climatiques, le Népal appelle à une action urgente pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. En tant que pays enclavé et constitué d’un relief montagneux, le Népal invite la communauté internationale à ne pas oublier le lien organique existant entre les montagnes et les océans. Il a expliqué que des problèmes dans l’Himalaya, notamment des avalanches, des chutes de glaciers, des inondations et des glissements de terrains peuvent affecter des millions de personnes vivant dans les plaines ou du côté des océans, et vice-versa. Il a appelé à mobiliser les fonds appropriés pour la mise en œuvre du Programme 2030, notamment en faveur des PMA, et surtout pour ceux qui sont également enclavés ou constitués d’îles. Des partenariats doivent également être renforcés pour la réduction des risques de catastrophe, en droite ligne du Cadre de Sendai. En guise de conclusion, le représentant a fait remarquer que, en ce qui concerne les objectifs de développement durable, « les actions valent mieux que les paroles ».

Mme CRISTIANE ENGELBRECHT SCHADTLER (Venezuela) a soutenu une vision pondérée des politiques de développement durable, plaidant pour un environnement international et régional propice au développement et une coopération internationale équilibrée quant aux besoins sociaux et économiques des peuples du Sud. Elle a indiqué que le Venezuela avait adopté un modèle de développement qui place l’être humain au centre et qui repose sur la solidarité, la justice, l’inclusion sociale, l’équité, la promotion et le respect des droits de l’homme, ainsi que la participation citoyenne. Pays particulièrement vulnérable aux catastrophes naturelles, le Venezuela a souligné la pertinence d’une vision solidaire de la coopération internationale et a conclu que le développement durable a besoin d’une volonté politique, en particulier de la part des pays les plus avancés, pour concrétiser des stratégies orientées vers la mise en œuvre du Programme 2030.

M. VICTOR MORARU (République de Moldova) a demandé que des mesures soient prises à l’échelle internationale contre les changements climatiques qui affectent tous les pays et menacent de saper le peu de gains acquis en matière de développement. Il faut donc des actions d’adaptation et d’atténuation et surtout, mettre en œuvre l’Accord de Paris, a-t-il recommandé. Il a dit souhaiter que des actions soient prises à la vingt-quatrième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP24) prévue en décembre prochain en Pologne. Au vu des besoins nécessaires pour la mise en œuvre du programme de développement international, Moldova suggère que l’ONU utilise sa force unique pour stimuler les partenariats et mobiliser les ressources nécessaires. Il faut se servir de la technologie, de la science et de l’innovation, et des fonds disponibles pour pouvoir réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il conclu.

M. RIO BUDI RAHMANTO (Indonésie) a souhaité que l’on associe l’action à la parole et a recommandé d’agir au niveau multilatéral. En matière de protection marine, le pays a encouragé le développement d’une économie bleue durable, en organisant la cinquième Conférence « notre océan » au mois d’octobre. Le représentant a encouragé le renforcement des capacités de développement, notamment par le biais du transfert des technologies. À cet effet, a-t-il illustré, l’Indonésie a créé le « zakât » et le « waqf », deux instruments de finance islamique basés sur la solidarité, pour élargir les sources financières sur lesquelles s’appuient les actions visant la réalisation des objectifs de développement durable. Le représentant a aussi loué l’économie créative, qui a représenté 7,44% du produit intérieur brut (PIB) de l’Indonésie en 2016.

Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie) s’est félicitée des efforts consentis par l’ONU pour déployer des synergies afin de réaliser le développement durable. Encourageant les partenariats publics-privés, l’Arménie a adopté des réformes ambitieuses en termes d’innovation, avec le développement d’un laboratoire national dédié aux nouvelles technologies. Pays en développement sans littoral, l’Arménie a mis l’emphase sur la problématique des transports, a dit le représentant, qui s’est par ailleurs élevé contre les « mesures coercitives inadmissibles » telles que blocus et fermeture des frontières, qui ajoutent au déficit du pays en matière d’infrastructures. En tant que pays à revenu intermédiaire et montagneux, l’Arménie a fait de la lutte contre les changements climatiques sa priorité dans la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-il enfin témoigné.

M. VITALII BILAN (Ukraine) s’est félicité des initiatives de l’ONU pour réduire la faim de moitié dans le monde et s’est dit prêt à offrir son aide pour répondre aux défis de la sécurité alimentaire. L’Ukraine est également attachée à ses obligations au titre de l’Accord de Paris, a dit le représentant en soulignant que c’était le premier pays européen à déposer ses instruments de ratification. Sans paix et sécurité durables, aucun pays ne peut parvenir au développement durable, a poursuivi M. Bilan, mettant en exergue la nécessité d’atteindre tous les objectifs universels du développement durable, dont celui de trouver un règlement pacifique aux conflits.

Mme FADUA ORTEZ (Honduras) a souligné l’importance de l’APD et du maintien du financement consacré aux pays en développement pour réaliser le Programme 2030. La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire jouent également un rôle particulier pour le renforcement des capacités et l’échange de connaissances et de bonnes pratiques entre les pays du Sud, en complément de la coopération Nord-Sud. Le Honduras est d’avis qu’une stratégie effective de financement pour le développement durable demande la mobilisation de ressources financières nouvelles, publiques et privées, nationales et internationales. La représentante a également relevé que ce sont les pays en développement qui supportent les principaux effets des changements climatiques, tout en s’efforçant de lutter contre la pauvreté et de favoriser la croissance économique. Le Honduras s’est doté d’un solide cadre juridique en ce sens, dont une législation sur l’environnement, l’eau, les forêts, les zones protégées et la vie sauvage, mais le financement climatique par des ressources complémentaires est essentiel.

M. XU ZHONGSHENG (Chine) a dit que la réalisation du Programme 2030 devait réduire l’écart entre le Nord et le Sud et encourager la prospérité mondiale. Sa mise en œuvre nécessite cependant des politiques équilibrées et un renforcement des partenariats avec l’ONU, la coopération Nord-Sud devant être le principal moyen, et la coopération Sud-Sud un complément de ce partenariat. La Chine a été parmi les premiers pays à présenter un rapport sur les progrès accomplis, s’est félicité le représentant, en indiquant que son programme se concentre sur la qualité, ainsi que sur la volonté de sortir les habitants des zones rurales de la pauvreté. La Chine, a indiqué le délégué, applique activement le plan stratégique du dix-neuvième Congrès du parti communiste, et adhère au concept de développement de l’économie verte et durable.

Mme ALHOSANI (Émirats arabes unis) a dit que les Émirats recherchaient une politique régionale pour renforcer les objectifs de développement durable. Sur le plan national, avec la participation de toutes les parties prenantes, y compris le secteur privé, des projets en cours contribuent à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, notamment l’objectif 6 (eau et assainissement) et 7 (offre d’énergie à un prix abordable). Les Émirats arabes unis ont beaucoup progressé sur la base des repères régionaux, y compris la stratégie énergétique, qui prévoit 50% d’utilisation de l’énergie propre dans le pays d’ici à 2050. Tous ces efforts ont pour but de préparer les Émirats à l’après-pétrole, à atténuer l’impact des changements climatiques, et à développer les énergies renouvelables pour assurer le développement économique et social de la région.

Mme BERGDIS ELLERTSDOTTIR (Islande) a estimé que la clef de la réussite de la mise en œuvre des objectifs de développement durable est l’implication du secteur privé, de la société civile et des jeunes. La politique de coopération de l’Islande s’appuie sur les droits de l’homme, l’égalité des genres, l’infrastructure sociale, la consolidation de la paix et la gestion durable des ressources naturelles, a-t-elle indiqué. L’Islande considère que les changements climatiques sont devenus la plus grande menace à la paix mondiale, la sécurité et le développement, comme le montre le dernier rapport du GIEC qui souligne la nécessité de prendre des actions urgentes. L’Islande a pris les devants, puisque toute la consommation électrique du pays est tirée de sources d’énergie renouvelables. Le Gouvernement entend désormais éliminer tout hydrocarbure dans le secteur du transport, tout en augmentant la superficie forestière et en restaurant les zones humides. Enfin, l’Islande estime que l’égalité des genres est l’élément pivot qui facilitera le développement durable dans tous les pays.

M. ALAMI (Maroc) a indiqué que le pays a entamé un processus permettant d’intégrer les principes de développement durable dans les stratégies à tous les niveaux. En outre, la Constitution de 2011 a consacré le développement durable comme un droit de tous les citoyens, notamment le droit à l’eau et le droit à un environnement sain. La prévention et la veille environnementale se font à travers des institutions nationales et l’intégration de la dimension environnementale dans des projets de développement. Le Maroc a aussi signé plusieurs accords de coopération avec d’autres pays africains sur diverses questions environnementales, a précisé le représentant.

Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a plaidé pour des mesures urgentes dans la lutte contre la crise climatique, ajoutant que « l’Accord de Paris ne suffit pas, et encore moins s’il est abandonné par les principaux émetteurs de gaz à effet de serre ». La représentante a fait valoir que les changements climatiques ne sont que l’un des nombreux symptômes du déséquilibre entre l’humanité et la nature. De son côté, la Bolivie propose la création d’un modèle de développement en harmonie avec la nature, qui reconnaisse la Terre mère comme un être avec un droit à la vie et au respect de ses cycles vitaux. Elle encourage aussi la création d’un tribunal international de l’environnement, qui invite à cesser de considérer l’être humain comme le maître et propriétaire de la nature. Selon ce modèle, la Bolivie est en train de mettre en place le Programme patriotique 2025, basé sur 13 piliers, dont l’éradication de l’extrême pauvreté, l’universalisation des services de base, la souveraineté scientifique et technologique, la souveraineté communautaire financière, la souveraineté productive et la souveraineté alimentaire.

Pour M. AMDE (Éthiopie), il faut prendre des mesures immédiates pour suivre les recommandations du GIEC. En tant que pays vulnérable aux changements climatiques, l’Éthiopie a mis en place une économie verte pour être neutre en carbone d’ici à 2025, a indiqué le représentant en ajoutant que son pays continue de promouvoir des mesures concertées globales dans les politiques nationales de la région. Le Cadre de Sendai, les ripostes en cas de catastrophe devraient s’inscrire dans un cadre de développement à long terme, et développer la résilience, a-t-il estimé en précisant que l’appui de l’ONU en faveur des PMA est à cet égard crucial. Le délégué a plaidé pour un accès aux sources d’énergies modernes, durables et fiable, « condition sine qua non à la réalisation du Programme 2030 ». L’objectif 7 (énergie propre et d’un coût abordable) reste un vrai défi pour les PMA, a-t-il souligné: le renforcement des capacités, et le transfert de technologies devront s’accélérer.

Selon M. BOKOUM (Burkina Faso), les investissements doivent être orientés vers l’éducation, la santé, le développement durable, la promotion de la croissance verte et de sociétés pacifiques et inclusives. Le Burkina Faso a lancé une stratégie d’action avec l’appui du PNUD, ainsi qu'un programme d’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC); il a aussi élaboré un rapport de suivi des objectifs de développement durable. Le représentant a poursuivi ses explications en indiquant que, grâce à ces initiatives, le Burkina Faso avait bénéficié d’un cadre économique stable. Il a toutefois reconnu que, mais malgré cela, les défis économiques, sociaux et environnementaux restent élevés. Garantir un emploi décent pour les Burkinabés reste un objectif primordial, de même que, sur le plan environnemental, exploiter la terre de façon durable et la préserver. Il a réclamé l’appui technique de tous les partenaires financiers pour parvenir à ses objectifs.

Mme ROSE MAKENA MUCHIRI (Kenya) a relevé que les changements climatiques et la désertification ont conduit à la réduction des terres arables dans le pays. Le Kenya a adopté une loi interdisant l’usage de sacs en plastique sur son territoire, en vigueur depuis le 28 août 2017, avec un taux de succès dans sa mise en œuvre de 85%. La représentante a souhaité que la quatrième Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, prévue en mars prochain, soit axée sur le renforcement des capacités techniques et le soutien financier, tout comme les innovations et les partenariats. En tant qu’hôte du PNUE et du Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), le Kenya promet de continuer d’offrir un environnement propice aux agences onusiennes afin qu’elles remplissent leur mandat. Le Kenya abritera également la Conférence sur une économie bleue durable, prévue en novembre à Nairobi.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a estimé que le Forum politique de haut niveau a pour l’instant mené à bien ses activités sous l’égide de l’ECOSOC mais que les examens volontaires nationaux ont montré qu’il reste beaucoup à faire pour atteindre les objectifs ambitieux de développement durable. Les ressources financières sont de plus en plus difficiles à obtenir et, pire, la volonté politique semble aux abonnés absents. Aussi, la représentante a-t-elle espéré que la tenue du Forum sous les auspices de l’Assemblée générale, l’année prochaine, permettra de recaler la voie vers les objectifs de développement durable. Elle a aussi noté que les pays en développement sont souvent les plus vulnérables aux changements climatiques alors que leur empreinte carbone est faible, comme c’est le cas du Pakistan. Cependant, elle a estimé que la pleine réalisation du Programme 2030 est un énorme défi mais qu’il est possible de le relever si tous les pays s’engagent en ce sens.

M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a constaté avec inquiétude que les catastrophes naturelles précipitent chaque année environ 26 millions de personnes dans la pauvreté et causent des pertes économiques considérables. Le Mozambique, l’un des trois pays d’Afrique les plus exposés aux catastrophes naturelles, a adopté une approche de gestion des risques de catastrophe pour réduire l’exposition aux événements extrêmes des communautés locales, de l’économie et des infrastructures. Il a également adopté un plan stratégique 2017-2030 pour la réduction des risques de catastrophes aligné sur le Cadre de Sendai et sur le Programme 2030. En conclusion, le représentant a appelé les partenaires bilatéraux et multilatéraux à élargir leur partenariat et les moyens mis en œuvre pour aider les pays en développement à mieux faire face aux risques de catastrophe.

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE (Ghana), en écho à la Conférence de Rio de 1992, a rappelé qu’il fallait « mettre l’être humain au cœur de toutes les activités » et « préserver la planète pour les génération futures », avant de faire part d’un tableau mitigé pour le cas de l’Afrique, où les lacunes entre zones rurales et urbaines et entre hommes et femmes sont prégnantes malgré une croissance économique importante. Les pays à revenu intermédiaire, comme d’autres pays en situation particulière, ont des défis uniques, et leurs pertes économiques à cause des changements climatiques devraient être mieux évaluées grâce à des données ventilées, a-t-elle suggéré. Elle a déploré que 12 millions d’hectares dans le monde ne puissent plus être cultivés à cause de la propagation de la sécheresse, et que les niveaux de pollution marine soient actuellement insoutenables; ils nécessitent une action politique d’envergure pour y remédier. La représentante a réaffirmé l’attachement de son pays à l’Accord de Paris, et s’est joint aux appels pour renforcer la coopération Sud-Sud, la coopération Nord-Sud, ainsi que pour renforcer les capacités des pays et le transfert des technologies.

M. PHILIP FOX-DRUMMOND GOUGH (Brésil) s’est félicité qu’au niveau national, les objectifs de développement durable aient été intégrés pour honorer les dispositions du Programme 2030. Le travail relatif au développement durable aux Nations Unies découle du Sommet de Rio, a-t-il rappelé, soulignant aussi que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable a été lancé au Sommet Rio+20 de 2012. Le Brésil, a-t-il assuré, continue de respecter « ce patrimoine » en vue de réaliser les objectifs de développement durable. Il espère que l’Assemblée générale enverra au monde un message vigoureux alors que le rapport spécial du GIEC en a envoyé un qui est sans équivoque. L’Assemblée générale doit donner suite à ces événements, a-t-il souligné.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est alarmé du constat du GIEC pour la planète et a fait observer que le Pérou est un pays très vulnérable aux effets des changements climatiques avec, entre autres, le recul des glaciers tropicaux andins, le réchauffement de l’océan, les faibles ressources hydriques et la dégradation de la biodiversité. Le Gouvernement a promulgué une loi cadre sur les changements climatiques, en ligne avec l’Accord de Paris, afin de réduire cette vulnérabilité et d’avancer vers un développement faible en émissions. Le Pérou reconnaît les femmes, les peuples autochtones, les jeunes, la société civile et le secteur privé comme des acteurs clefs dans l’élaboration de politiques environnementales, a fait savoir M. Meza-Cuadra. Le pays a aussi intégré la gestion des risques de catastrophe comme composante indispensable du développement durable.

M. VISHAL ANAND LUCHOOMUN (Maurice) a fait savoir que le développement durable est au cœur de chaque secteur d’un PEID comme Maurice. Le pays est tout à fait engagé dans la mise en œuvre des Orientations de Samoa et du Programme 2030, mais les défis qu’il a à relever ne doivent pas être sous-estimés, a-t-il demandé. En outre, le changement de catégorie de PMA à pays à revenu intermédiaire fait surgir de nouveaux problèmes, comme la dette et le manque d’accès à des crédits à des conditions préférentielles, ainsi que le manque de capacités pour parvenir à la résilience. Le soutien aux PEID a été inadéquat pour y faire face, a regretté le représentant, qui a plaidé pour une hausse du financement du Département des affaires économiques et sociales et de sa Section chargée des PEID.

Mme AHMADI (Bahreïn) a qualifié le Bahreïn de chef de file dans la mise en œuvre du développement durable. Le Royaume a présenté son rapport pour l’examen national volontaire cette année, a-t-il dit en soulignant les défis particuliers que rencontre son pays en tant que PEID. Le Royaume se heurte notamment à de grandes difficultés à cause des changements climatiques, aggravé par la menace terroriste croissante et la dégradation géopolitique dans la région. Les énergies renouvelables sont une priorité pour le Bahreïn, et le Gouvernement a adopté un projet avec le PNUD pour développer l’énergie renouvelable. Il a aussi inauguré la première usine à panneaux solaires du royaume en janvier 2017.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a soulevé le problème de la désertification qui sévit en Namibie. Il a expliqué la course difficile du pays, qui tente de parvenir à la neutralité de la dégradation des sols d’ici à 2020, un objectif prioritaire car ce sont les femmes et les enfants qui subissent le plus la dégradation des sols, a-t-il argué. Elle compte y arriver grâce à des partenariats publics-privés. La Namibie demande par ailleurs aux pays susceptibles de subir les effets des tempêtes de sable et de poussière de se concentrer davantage sur les capacités des populations à faire face à la sécheresse. Les technologies de l’environnement doivent s’enraciner dans les pays en développement, a-t-il aussi recommandé, avant d’appeler à diversifier les ressources et à investir dans les produits forestiers autres que le bois. Avec 9 milliards d’humains d’ici à 2050, il est important de lutter contre les famines et la désertification, a rappelé le représentant, qui a mis en avant l’idée de « grande muraille verte » pour l’Afrique.

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a dit que le Kirghizistan s’est fixé comme priorité de garantir le bien-être de son peuple et a estimé qu’il est impensable d’engranger des succès sans protéger l’environnement. La représentante a mentionné l’épisode regrettable de l’enfouissement de déchets radioactifs par l’URSS dans les années 1940 en Asie centrale. Face au danger de contamination des cours d’eau et des bassins, le Kirghizistan propose des mesures pour prévenir toute émanation radioactive provenant de ces bassins. Il a aussi élaboré un plan stratégique pour décontaminer les anciennes usines d’enfouissement et, a estimé la représentante, seule une aide internationale permettra à l’avenir de régler le problème dans la région, y compris pour empêcher des organisations extrémistes ou terroristes d’avoir accès à ces déchets dangereux.

M. NURZHAN RAKHMETOV (Kazakhstan) a évoqué la nécessaire évaluation des priorités et des besoins de chaque pays et indiqué que la stratégie 2050 du Kazakhstan met en avant une approche multisectorielle et universelle des questions essentielles dans les domaines économique, social et environnemental. L’engagement du Kazakhstan envers le Programme 2030 est également visible dans l’organisation de plusieurs centres régionaux et globaux sur les objectifs de développement durable, a fait valoir le représentant. Il est temps, a-t-il poursuivi, d’améliorer la coopération régionale dans des domaines exigeant une action collective comme les changements climatiques, les répercussions des tensions sociales, telles que la violence extrême, et les questions hydriques transfrontalières. Le représentant a mis l’accent sur l’importance fondamentale d’une approche régionale pour le développement durable.

M. FRANCIS M. KAI-KAI (Sierra Leone) a rappelé qu’en 2017, des milliers de gens ont perdu la vie en Sierra Leone du fait d’un glissement de terrain et des inondations qui ont fait suite à des pluies torrentielles. Le pays accorde donc du prix à la mise en œuvre du Cadre de Sendai et insiste pour que les États remplissent leurs obligations découlant de l’Accord de Paris, rappelant que cela est important pour des pays comme la Sierra Leone qui fait partie des plus vulnérables aux changements climatiques. Il a en outre souligné l’importance des partenariats dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme SARVESTANI (République islamique d’Iran) a déploré que l’unilatéralisme sape la réalisation des objectifs de développement durable. Attaché à relever le défi climatique, une priorité nationale en Iran, le pays a compris qu’il fallait utiliser les énergies renouvelables et développer les centrales électriques tout en prenant en compte les systèmes environnementaux. L’Iran a pris des mesures contre les risques de catastrophe, mais cela nécessite aussi une coopération élargie au niveau international, a lancé la représentante. Les tempêtes de sable et de poussière sont aussi une préoccupation en Iran: elles balaient les frontières et ont des répercussions sur toute l’Iran orientale. « Les populations sont enfouies sous un épais tapis de poussière » a décrit la représentante. Ces tempêtes sont de plus en plus fréquentes, et l’Iran s’est félicitée d’un dialogue interactif en juillet 2018 pour que les États Membres touchés par ce problème puissent s’exprimer. Malgré ces contraintes, l’Iran s’est dit « prête à se retrousser les manches » pour réaliser les objectifs de développement durable.

M. TAVARES (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, FAO) a évoqué le rapport du GIEC et s’est félicité de la décision de la COP23 de reconnaître que l’agriculture fait partie de la solution face aux changements climatiques. Les objectifs d’adaptation et d’atténuation vont de pair avec des systèmes agricoles durables, a-t-il fait valoir, rappelant que nombre de pauvres se trouvent dans les régions rurales les plus vulnérables et que la réduction des risques de catastrophe est essentielle. Il a donné des exemples de mesures de soutien comme, en Somalie, où 3 millions de familles ont bénéficié de l’aide de la FAO pour lutter contre la mortalité du bétail et accroître leur production de lait. Il a rappelé en conclusion l’attachement de la FAO à la réalisation des objectifs de développement durable.