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DR Congo

ITURI : Les FARDC et la MONUSCO vont renforcer leurs positions à Tchabi pour dissuader toute infiltration des ADF

JEAN-TOBIE OKALA

Bunia, le 17 décembre 2019 – Suite à des rumeurs faisant état de possibles infiltrations en Ituri des rebelles ougandais des Allied Defense Force (ADF), et pour s’enquérir de la situation sécuritaire dans les localités voisines de Beni, une délégation mixte Gouvernement provincial-MONUSCO s’est rendue le 14 décembre 2019 dans la Chefferie de Banyali Tchabi en Territoire d’Irumu, à 130 kilomètres de Bunia.

Sur place, la délégation a rencontré une population préoccupée par la possibilité d’incursions de ces rebelles ADF, coupables d’atrocités sur les populations civiles au Nord-Kivu. La population n’avait qu’une seule préoccupation à soumettre à ses hôtes : le renforcement des effectifs des forces de l’ordre dans la zone. Car pour le président de la société civile de Banyali-Tchabi, la menace est réelle. Raphael Lingisa qui affirme : « Ces ADF traversent souvent par la Chefferie de Baniari-Tchabi, en l’absence de militaires, il peut y avoir à tout moment l’infiltration de ces rebelles. C’est la raison pour laquelle nous plaidons pour le renforcement de l’effectif des militaires des FARDC dans la zone pour que la population puisse vivre dans la quiétude ».

Parmi les zones les plus concernées par cette insécurité figure le Groupement Tondoli. C’est par ici justement que le 1er mai dernier, ces rebelles ougandais des ADF s’étaient infiltrés en Ituri. Lors de cette incursion, plusieurs habitants avaient été kidnappés, certains sont toujours entre les mains de leurs ravisseurs. Le seul Centre de Santé qui dessert la population locale estimée à environ 14,000 habitants avait également été pillé.

Face à cette peur qui a élu domicile ici, le Groupement Tondoli se trouve aujourd’hui presque vidé de ses habitants, les écoles ne sont plus opérationnelles. Désiré Iminau Sindani, président de la Communauté Nyali-Tchabi, tire la sonnette d’alarme : « Le groupement de Dondoli a 3 écoles, dont deux écoles primaires et une école secondaire ; depuis le 1e mai 2019 jusqu’à présent, ces écoles ne sont pas encore ouvertes, les enfants chôment, certains sont ici, mais d’autres ne sont pas encore là, ils n’étudient pas. Si ces enfants ne viennent pas à l’école, nous regrettons parce que comme ils sont à côté de ces ennemis qui nous dérangent, ils peuvent les séduire facilement, comme il n’y a personne pour les guider, alors ils peuvent changer et se transformer en des rebelles, aussi c’est ce que nous craignons ».

Dans la délégation du Comité provincial de sécurité, on notait la présence du Gouverneur ad intérim de l’Ituri, Ibrahim Bule Ucirchan qui conduisait la délégation, des responsables de la MONUSCO, des FARDC dont le General Robert Yav Avul, Commandant de la 3ème Brigade, de la Police congolaise et d’autres services en charge de la sécurité (ANR, DGM).

Sur place, les membres du Comité provincial de sécurité ont décidé d’un certain nombre de mesures destinées à rassurer ces populations : « On va renfoncer l’effectif des militaires des FARDC. La MONUSCO a annoncé aussi le déploiement d’une section (de casques bleus). Avec les opérations qui se déroulent au Nord-Kivu, il y a risque qu’il y ait un couloir qui puisse se créer. Et donc nous sommes tenus de le boucher avec les services compétents », explique le Gouverneur intérimaire de l’Ituri, Bule Uchirchan.

De son côté et par la voix de sa Cheffe de Bureau en Ituri, Cecilia Piazza, la MONUSCO a effectivement confirmé le déploiement prochain à Tchabi d’une base temporaire de casques bleus pour rassurer les populations et dissuader ainsi toute tentative d’infiltration de ces semeurs de désolation.